
Croyances et Mythologie Amazigh
La religion libyque, représente les croyances originelles des Berbères en Afrique du Nord-Ouest,
antérieures à l'arrivée des religions puniques et abrahamiques dans la région.
En effet, avant leur conversion au judaïsme, christianisme et enfin à l'islam,
les Amazighen, fidèles à la tradition de nombreux peuples de l'Antiquité, étaient animistes et polythéistes.
Dans la spiritualité amazighe, chaque aspect de la vie quotidienne est intimement connecté
à la dimension spirituelle, que ce soit en relation avec les saisons ou les étapes importantes de l'existence :
naissance, puberté, mariage, vieillesse, mort.
La frontière entre le profane et le sacré n'existe pas, car "tout est lié, tout est animé, tout est interdépendant."
Certaines des anciennes croyances berbères existent encore aujourd’hui, subtilement,
au sein de la culture et de la tradition populaires berbères.
Le panthéon berbère était riche en divinités majeures.
Les croyances amazighen partageaient des divinités avec les Égyptiens, Phéniciens et Grecs.
Des dieux comme Amon, Isis et Poséidon étaient vénérés par les berbères et ont influencé les mythologies voisines.

Divinités majeures
Anzar,
Dieu de la pluie
Il est assimilé à Poséidon dieu de la mer et des océans chez les grecs.
Anzar est un élément bénéfique qui renforce la végétation et assure la croissance du troupeau
Un rite connu sous le nom de Tislit bbwenzar « la fiancée d'Anzar »était consacré à Anzar, lors des périodes de sécheresse pour faire pleuvoir. Selon cette légende, le dieu de la pluie Anzar serait venu épouser une jeune fille d'une beauté merveilleuse. Puis, à cause de leur union, le fleuve a coulé de nouveau et la verdure a recouvert la terre
Gurzil,
Dieu de la guerre et du tonnerre
Dans la mythologie berbère est représenté par une tête de taureau.
Né de l'union entre le dieu Amon et une vache, il incarne la puissance martiale et céleste.
Son symbole fut adopté par la reine berbère Dihya, connue sous le nom de Kahina, dans ses batailles contre les Arabes. Lors de chaque événement majeur, la reine faisait ériger une statue géante avec une tête de taureau pour représenter Gurzil. Pendant ses nombreux combats, une simple tête de taureau, portée par des hommes de foi et de guerre, suffisait à rappeler sa suprématie à ses troupes. Cet emblème royal affirmait la majesté de son règne sur un vaste territoire et témoignait de l'ampleur de sa puissance face à l'ennemi. Ce symbole équivalait à une couronne ornée d'armoiries sacrées, liées aux desseins divins de Gurzil.
En Libye, un temple dédié à Gurzil pourrait être à l'origine du nom de la cité, attestant encore davantage de son importance dans la région.
Amon
Dieu Bélier
Le panthéon berbère présente également de nombreuses similitudes avec les croyances de l'Égypte antique.
Plusieurs divinités de cette époque, comme Amon Dieu Bélier, un des Dieux les plus important, trouvent leurs origines dans l'ancienne Libye et dans la mythologie égyptienne. Le mouton occupait une place sacrée dans les croyances amazighen. Honoré dans l'oasis de Siwa où se trouvait son temple, occupait une place centrale. Alexandre le Grand lui-même consulta ce temple après son arrivée en Égypte.
Nit,
Déesse guerrière
Le culte antique de Nit, également connue sous le nom de Tinnit, déesse lybienne a exercé une influence considérable sur les Égyptiens et les Grecs à travers les déesses Neith et Athéna. Enracinée dans les traditions de guerre,
Nit était vénérée par les Amazones libyennes, qui ont probablement perpétué son culte.
Déesse de la guerre et de la chasse, Nit avait la mission de repousser les mauvais esprits et de protéger le sommeil.
Aux côtés d’Isis, Nephthys et Selqit, elle veillait sur les vases canopes, en particulier celui gardé par Douamoutef,
renfermant l’estomac du défunt.
Nit était une créatrice du monde, maîtresse du tissage, des arts domestiques et protectrice des femmes, du sommeil,
des sarcophages et des vases canopes. Elle était coiffée de la couronne rouge de la Basse-Égypte et régnait sur les inondations et le destin du Nil. Elle se promenait sans crainte sur les rives du fleuve, indifférente aux crocodiles qui s'y prélassaient. Surgie de Noun, l’Océan primordial, elle était née de sa propre volonté, asexuée et sans partenaire masculin, renfermant en elle tous les principes mâles et femelles de la nature.
En tant que démiurge savante, maîtrisant le pouvoir des mots, Nit aurait créé le monde par sept paroles ou sept flèches. Cette sagesse faisait d'elle une conseillère précieuse pour les dieux. Des récits plus tardifs la décrivent tissant l’Univers sur la navette des tisserands, cette petite pièce de bois contenant la bobine de trame. Transformée en Meh Ourt, la vache sacrée, elle engendra le ciel d’où surgit la lumière. Devenue ensuite poisson latès, son animal sacré et symbole de résurrection, elle fit émerger la première butte de terre des eaux chaotiques, créant ainsi le sol.
Tanit,
Déesse de la fertilité et de la beauté
Tanit, déesse vénérée en Afrique du Nord, était chargée de veiller à la fertilité, aux naissances et à la croissance.
Elle jouissait d'un culte particulièrement important à Carthage, où elle était assimilée à Junon-Héra.
Elle représentait également la beauté féminine.
Tanit, la reine céleste, est la déesse des amateurs d’étoiles et des astrologues. Déesse de l’abondance, apparentée à Ishtar et Astarte. Tanit était l’esprit suprême de Carthage, la nation phénicienne d’Afrique du Nord, aujourd’hui surtout connue pour son héros Hannibal Le règne de Tanit, qui a duré près de deux mille ans, du IXe siècle avant J.-C. à la conquête romaine, n’a été éradiqué que par l’Islam, bien que des rumeurs de vestiges de son culte parmi les tribus amazighes des montagnes fassent périodiquement surface.
Ifri,
Déesse qui donna son nom au continent africain
Ifri ou Ifru, en berbère, est la déesse du feu, de la guerre, des marchands,
de la fertilité et de la fécondité dans la mythologie amazighe. Elle est est à l'origine du nom "Afrique Connue sous le nom d’Africa, son symbole fut adopté par les Romains après leur conquête. Ils traduisirent son nom en latin, donnant ainsi naissance à « Dea Africa », signifiant « la déesse Africa ». Par la suite, son nom fut arabisé en « Ifriqiya ». Initialement, le terme Africa ne désignait que la partie nord du continent avant de s'étendre à l'ensemble de celui-ci.
Très populaire en Afrique du Nord, Ifri était une fervente protectrice des marchands et figurait même sur les pièces de monnaie berbères. On la représentait coiffée de la dépouille d’un éléphant, tenant une corne d’abondance, devant un baril de blé. Sa renommée s’étendait également aux Romains, où elle apparaissait sur des pierres gravées et certaines mosaïques durant l’époque romaine d’Afrique. Sa popularité était telle que nul n'entreprenait quoi que ce soit sans l’invoquer au préalable :
« En Afrique romaine, personne n’entreprend rien sans avoir, au préalable, évoqué Africa. » – Pline l’Ancien
Malgré son influence passée, Ifri est aujourd’hui presque oubliée, et peu d’ouvrages la mentionnent. Pour en savoir davantage sur cette déesse, il faudrait se plonger dans les rares écrits qui lui sont consacrés.
Osiris
Dieu Lybique
Osiris était également aurait des origines libyennes. Toutes les sources connues concernant Osiris montrent que c'était à l'origine un dieu de l'Afrique du Nord-Est, peut-être de Libye."
Les anciens Berbères vénéraient également des divinités telles qu'Isis et Seth. Hérodote rapporte : "Les Libyens ne mangent pas de vaches, tout comme les Égyptiens, et ne consomment pas de porcs. Les femmes de Cyrène ne mangent pas de vache par respect pour la déesse Isis, qu'on adore en Égypte. Elles jeûnent même et célèbrent des fêtes solennelles en son honneur.
Les femmes de Barce évitent non seulement la viande de vache, mais aussi celle de porc."
On sait aujourd'hui que beaucoup de dieux grecs et personnages mythologiques tels qu'Athéna, Poséidon, Atlas, Antée le géant, Lamia, la Gorgone Méduse et Triton trouvent leurs origines dans la mythologie berbère, comme le reconnaissent des historiens antiques tels qu'Hérodote.
La terre Amazigh est associée depuis la plus haute antiquité à la Grèce, puisque Platon y situe l’Atlantide (Timée et Critias), que c’est là que le titan Atlas fut condamné à porter la charge du monde, que c’est là qu’Hercule vainquit le géant Antée.
C’est aussi là que selon les Grecs, est née Athéna la fille de Zeus, sur les rives du fleuve Triton (aujourd'hui Lac Kelbia, en Tunisie) ... Les Berbères semblent également avoir suivi le culte de Dionysos ainsi que le culte solaire lié à Apollon, qui est la version hellénisée du dieu Baal phénicien et qui fut adoré à Troie.






Anzar, dieu de la pluie
et Gurzil, dieu de la guerre représenté avec une tête de taureau,
figuraient parmi les principales divinités.
Rites Animistes
Les traditions et fêtes agraires issues d'un fond animiste ancestral,
ont eu pour vocation de renforcer les liens
et de rétablir le dialogue entre les diverses composantes de la société amazigh.
Ces cérémonies, véritables moments de communion spirituelle et festive, rassemblent tous les membres de la communauté. Antérieures au christianisme et à l’islam, ces pratiques conservent souvent les apparences des religions qui les ont supplantées, en coïncidant aujourd’hui parfois avec les célébrations du calendrier musulman, mais elles nous renvoient néanmoins à un passé très ancien.
Les rites et fêtes animistes ont été successivement combattus par le judaïsme, le christianisme,
puis l’islam, qui y voyaient une forme de superstition et une persistance du paganisme,
comme cela a été le cas dans bien d'autres civilisations.
Le peuple a donc été contraint de les dissimuler sous les voiles des religions dominantes,
souvent moins naturelles et plus matérialistes. À l'instar des Amérindiens qui, forcés d’embrasser le christianisme,
ont continué leurs pratiques religieuses animistes sous des formes catholiques au sein même de l’église, nos ancêtres ont su emprunter des expressions extérieures pour perpétuer leurs traditions en toute impunité.
L’adoration des icônes et reliques chrétiennes, l’invocation de la « baraka » des saints de l’islam, les pèlerinages saisonniers aux lieux saints, les retraites spirituelles sous couvert de religions officielles, les prières et les jeûnes, sont encore observés dans le même esprit animiste originel.

Culture mégalithique
Les Berbères considéraient la roche comme sacrée,
à l'instar de nombreux autres peuples. Des sites tels que le Cromlech de M'zora
en témoignent de manière notable.
Culte à la lune et au soleil
Dans la culture berbère, la lune et le dieu lunaire portent un nom unique : Ayyur. Hérodote nous apprend que les anciens Berbères vouaient un culte fervent à la lune et au soleil, que l’on nomme Tafukt en berbère, et leur offraient des sacrifices. Il décrit ces rites avec précision : "Les sacrifices des nomades se déroulent ainsi : ils commencent par trancher l'oreille de la victime, cette offrande servant de prémices, puis la jettent sur le faîte de leurs demeures. Ensuite, ils tordent le cou de l'animal, ne sacrifiant qu'au Soleil et à la Lune. Tous les Libyens rendent hommage à ces deux divinités."
Ce culte solaire et lunaire est également corroboré par d'autres témoignages
et par des inscriptions gravées, tels les graffitis retrouvés, dont un "Solo Deo Invicto" découvert à Thagaste, qui attestent de la vénération profonde portée à ces astres divins.
Tombes et Sites funéraires
Les sépultures et les rites funéraires des anciens Berbères révèlent une croyance profondément enracinée en l'au-delà. À l'origine, les défunts étaient inhumés dans des fosses creusées à même le sol. Avec le temps, les Berbères ont adopté la crémation et ont commencé à utiliser divers types de sépultures, tels que des tumulus, des monuments de pierre, et d'autres structures élaborées. Les tombes ont évolué, passant de simples fosses à des constructions plus sophistiquées, comme les tombes pyramidales destinées aux figures importantes.
Certaines communautés berbères, telles que les Guanches, pratiquaient même la momification. Les sépultures étaient souvent décorées de peintures rouges, et les défunts reposaient entourés d'objets précieux tels que des œufs d'autruche, des bijoux, et des armes.
Le culte des ancêtres tenait une place singulière chez les Berbères.
Certaines tribus élevaient leurs aïeux au rang de divinités, les vénérant et pratiquant des rituels divinatoires sur leurs tombes.
Ils s'y rendaient pour prier et y passaient la nuit, espérant recevoir en songe les réponses à leurs questions.
Les Amazighen ont construit de nombreuses sépultures pour leurs rois
et reines. Parmi les exemples remarquables figurent la bazina du Gour
au Moyen-Atlas (Maroc), le Mausolée de Medracen dans l'Aurès (Algérie)
et le tombeau de Tin Hinan dans le Hoggar (Sahara algérien).

Maquette du tombeau exposée
au musée du Bardo à Alger.

Mausolée de Medracen dans l'Aurès

Le calendrier Amazigh
L'histoire des Berbères remonte à 10 000 ans avant Jésus Christ.
Ce n'est pourtant qu'au temps de l'Egypte ancienne que sera fixé l'an zéro du calendrier berbère.
Il correspond à la date où le roi Chacnaq 1er (Sheshonq) fût intrônisé pharaon d'Egypte.
Le Nouvel An amazigh
Comme de nombreuses civilisations méditerranéennes, les Berbères célèbrent l'arrivée des nouvelles saisons et marquent leur calendrier agraire. Le principal événement est Yennayer, le Nouvel An berbère, encore célébré aujourd'hui le 12 ou 14 janvier, correspondant au 1er janvier du calendrier julien.

Voici des vidéos sur la Mythologie Amazigh :
Références : yabiladi.com - lesavoire.over-blog.com - nccri.ie/egypte - dejalu.fr - journals.openedition.org - persee.fr
- timunent.blogspot.com